Il relance la production de selles de vélo « Tron et Berthet »

C’est une belle histoire qui commence par une envie de changement. Ingénieur informatique, Frédéric Ducès décide un jour de faire autre chose, « de faire quelque chose de plus concret ».

Et c’est un peu par hasard qu’un jour, en voulant équiper son vélo de loisirs, avec une selle française qu’il découvre l’Idéale, produite par l’entreprise Tron et Berthet, installée à Pont-Saint-Pierre.

J’étais déçu de constater que la marque n’existait plus. Je me suis dit pourquoi pas mais un peu plus tard je le ferai. Et le ‘un peu plus tard’ est arrivé beaucoup plus vite que je le pensais.

C’était en 2008-2009. Frédéric Ducès continue sa routine au travail mais cette selle Idéale ne le quitte pas.

Retrouver le savoir-faire

Et fin 2010, il commence à se renseigner. « J’ai d’abord pris contact avec la famille Berthet car je voulais me renseigner par rapport à la marque et la reprendre. »

Un long travail de recherches mais aussi d’attente pour le Toulousain, qui un an plus tard cherche à entrer en contact avec les anciens salariés de l’usine de Pont-Saint-Pierre.

Grâce à la mairie, il en retrouve quelques-uns.

 Je voulais savoir si cela était possible de relancer la marque, de retrouver l’outillage et les machines correspondantes car cela fait plus de 25 ans que l’usine a fermé. Et seuls ces anciens salariés, qui avaient le savoir entre leurs mains pouvaient me le dire.

Formé par les anciens salariés

Trois d’entre eux se manifestent, à savoir Daniel Jue du Tronquay (aujourd’hui décédé), Daniel Dumoulin de Pont-Saint-Pierre et un de leurs collègues de Romilly-sur-Andelle qui souhaite rester anonyme.

À ces trois détenteurs du savoir-faire, s’ajoutent de nombreuses personnes sans qui Frédéric n’aurait pu réussir comme la famille Layet de Pont-Saint-Pierre, Jacques Peeters de Romilly, les mairies des deux communes… « C’est tout le tissu local qui m’a aidé en fait. »

En 2013, il se lance réellement.

Il fallait refaire l’intégralité de l’outillage. Guy Meslin, patron de Vergez-Blanchard m’a alors ouvert les portes de son atelier. Et il fallait trouver les bons fournisseurs.

L’ingénieur parcourt très régulièrement les quelque 900 kilomètres qui séparent Toulouse à Pont-Saint-Pierre, se forment avec les anciens, acquièrent des techniques de fabrication d’un autre temps.

Produit haut de gamme

Et en 2015, Frédéric Ducès prend un congé de deux ans pour création d’entreprise et dépose les statuts de sa société Fred Ducès SAS en 2016.

Même si j’aime beaucoup la vallée de l’Andelle, j’ai installé mon entreprise chez moi à Toulouse, avec ma famille.

Et depuis juin, Frédéric Ducès a déjà fabriqué une trentaine de selles Idéale, soit une par jour. Car en plus de débuter dans cette fabrication, le jeune entrepreneur mise totalement sur un produit haut de gamme aux finitions parfaites. Un produit à 250 € mais qui est fait pour durer. Car si on change de vélo, on garde sa selle.

Grâce à la passion et à la volonté d’un Toulousain, le produit phare des Établissements Tron et Berthet a repris vie, permettant de sauver un savoir-faire artisanal où l’excellence est le maître mot.

Et les premiers clients de Frédéric Ducès ne s’y sont pas trompés, car près de la moitié de sa production a été expédiée aux États-Unis, au Japon, en Suède ou encore à Taïwan.

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